Thought of the « Day After » / Pensée du « Jour d’Après »

1 – The sewing machine / La machine à coudre

 

Un article de Bertrand du Marais, membre Fides et Conseiller d’Etat, sur la crise du Covid-19

 

Avant-propos

Comme je ne suis ni épidémiologiste, ni a fortiori médecin virologue, et que je ne sais qu’interpréter des statistiques à l’aune de mes vagues souvenirs d’économétrie de base, je vais plutôt proposer ici une analyse, ou plutôt des scénarios sur la sortie de crise, ou le « rebond » de l’après Covid. Ils seront organisés sous la forme d’un « glossaire », à partir de la collection de mots qui me semblent, sur l’instant, les plus pertinents. Ces mots ne sont présentés selon aucun ordre, si ce n’est l’inspiration du moment. Avec regret pour les francophones, je m’exprimerai plutôt en anglais, car je me trouve plus concis dans cette langue.

Since I am not an epidemiologist, nor a virologist, I will suggest here an analysis, or rather some scenarios, for the end of the lockdown –or confinement in France – and the post crisis period. This will be organized as a glossary, with each word that I find the most relevant at every stage of the crisis. This glossary is then not organized, nor ordered, except according to my inspiration. With many apologies for the French speaking people, I will rather write in English, since I am more concise in this language than in French.

Notion of the day 1 : “ Sewing machine ”

In the war against the Corona virus, we have clearly lost the FFP2 mask battle. Governments of industrialized countries are wrestling against each other, or sometimes against their own local health public services , on the tarmac of Chinese airports to get cargoes of masks

(L. Folliot-Lalliot, « La concurrence entre Etats sur l’achat de matériel médical et sanitaire aggrave le problème » https://www.lemonde.fr/…/la-concurrence-entre-etats-dans-le… ).

All the more so as they desperately try to make forgive their initial failure to stockpile enough of these precious equipment. But the quest is already vain: all the Chinese production may not fulfil the need of the increasing number of infected countries. And speculators are already monopolizing the production in order to ransom the purchasers. So the ultimate high-tech device for preparing the end of the lockdown may be a … sewing machine. You know : this strange machine that many families from the Western World have received as a wedding gift and since then, seldom use.

Sewing machine will help people to manufacture at the local level the very masks that are compulsory to exit the lockdown period and are necessary for the post crisis era ((http://www.academie-medecine.fr/communique-de-lacademie-pa…/ ). However sewing machines are the symbol of many other changes.

First, the home made masks are the symbol of government’s failure– for many local different reasons – to fulfil the need of public hospital: so a failure in planning and policy forecasting.

Second, the sewing machine means the superior efficiency of local, private, sometime non profit, initiatives (see montissumasque.fr , http://stop-postillons.fr/ & https://maskup.fr/ ). Maybe the post confinement era will show the revenge of local based industry over multinational enterprises. We can expect international trade to be locked down by the nightmare of rearranging the initial supply chain between countries, jurisdictions, government, all enforcing different travel ban policies, remnant of confinement obligations and testing requirements, etc.

Third, the sewing machine may be the symbol of local network superiority over global network. Global network of production has been organized according to the comparative advantage theory which grossly relies on a comparison of relative costs (especially production costs, namely labor costs). But it fails to take into account opportunity costs such as the cost of ensuring the autonomy of supply and the certainty of the transport chain. These will be in the advantage of local production networks.

These trends will have many consequences: on the flow of international trade; on the assessment of the value of goods, and on their costs; hence on inflation.

Fourth, the sewing machine is the symbol of the effective implementation of the “circular economy”, a theory that has often be railed at by top managers and politicians. The essence of the home-made mask is the reemploy of old materials, rubbish, etc. We are entering in society of which green activists would have never dared to dream. But this de-growth move is a backward move, with full of social pain, job losses and surely political unrest.

Notion du jour 1 : « Machine à coudre »

Dans la guerre contre le virus, nous avons perdu la bataille des masques. Les gouvernements des pays industrialisés se battent comme des chiffonniers, ou parfois contre leurs propres services publics de santé locaux, sur le tarmac des aéroports chinois pour obtenir des cargaisons de masques

(@Lalliot «La concurrence entre les États sur l’achat de matériel médical et sanitaire aggrave le problème» https://www.lemonde.fr/…/la-concurrence-entre-etats-dans-le… ).

Compétition d’autant plus désolante qu’ils tentent désespérément de faire pardonner leur échec initial à stocker suffisamment de ces précieux équipements. Mais la quête est déjà vaine : toute la production chinoise ne pourra pas répondre aux besoins du nombre croissant de pays infectés. Et les spéculateurs accaparent déjà la production pour rançonner les acheteurs. Ainsi, l’ultime appareil de haute technologie pour préparer la fin du confinement sera sans doute la … machine à coudre. Vous savez: cette étrange machine que de nombreuses familles du monde occidental ont reçue en cadeau de mariage et qui reste, depuis, rarement utilisée.

La machine à coudre aidera les gens à fabriquer au niveau local les masques qui vont devenir obligatoires pour sortir de la période de confinement et qui resteront nécessaires pendant toute l’après-crise (http://www.academie-medecine.fr/communique-de-lacademie-pandemie-de-covid-19-mesures-barrières-renforces-pendant-le-confinement-et-en-phase-de-sortie-de-confinement/ ) .Cependant, les machines à coudre sont le symbole de bien d’autres changements.

Premièrement, les masques faits maison marquent le symbole de l’échec du gouvernement – pour des raisons nombreuses et variées – à répondre aux besoins de l’hôpital public. C’est donc un échec de planification et de prévision de la part du monde politique.

Deuxièmement, la machine à coudre signifie l’efficacité supérieure des initiatives locales, privées, parfois à but non lucratif (voir montissumasque.fr, http://stop-postillons.fr/ & https://maskup.fr/ ). Sans doute l’ère post-confinement démontrera-t-elle la supériorité de l’industrie locale sur les entreprises multinationales. Il faut en effet s’attendre à ce que le commerce international soit bloqué par le cauchemar de la réorganisation des chaînes d’approvisionnement initiales entre des pays, des systèmes, des gouvernements, tous appliquant différentes politiques d’interdiction de voyager, de sortie du confinement, de tests, etc.

Troisièmement, la machine à coudre peut être le symbole de la supériorité du réseau local sur le réseau mondial. Le réseau mondial de production a été organisé selon la théorie de l’avantage comparatif qui repose essentiellement sur une comparaison des coûts relatifs (en particulier les coûts de production, et particulièrement les coûts de main-d’œuvre). Mais ces coûts ne prennent pas en compte les coûts d’opportunité tels que le coût de l’autonomie d’approvisionnement et de la sécurité de la chaîne de transport. Ces derniers seront sûrement à l’avantage des réseaux de production locaux, qui devront payer des salaires plus élevés que ceux accordés aux travailleurs des PVD .

Ces tendances auront de nombreuses conséquences: sur les flux du commerce international; sur l’évaluation de la valeur des marchandises et sur leurs coûts; et donc sur le niveau de l’inflation.

Quatrièmement, la machine à coudre est le symbole d’une mise en œuvre efficace de «l’économie circulaire», une théorie qui a souvent été ridiculisée par les décideurs publics et privés. L’essence du masque fait maison repose finalement dans le réemploi de vieux matériaux, des rebus, etc. Nous entrons dans une société dont les militants écologistes n’auraient jamais osé rêver. Mais ce mouvement de décroissance est un pas en arrière, accompagné de beaucoup de souffrance sociale, de pertes d’emplois et sûrement de troubles politiques.